ÉDOUARD GLISSANT


La Lézarde


          The Ripening





Plants of the Australasian Realm



Sugarcane / Canne à sucre


Number of times mentioned: 33
Latin name: Saccharum officinarum
Region of origin: Malaysia, New Guinea, Polynesia

Hermann Adolph Köhler, Saccharum officinarum, 1887, Coloured plate, 1887, Medizinal-Pflanzen, Vol. 2, http://powo.science.kew.org/taxon/urn:lsid:ipni.org:names:419977-1.




Quotations:


"Le soleil venait d'apparaître (Thaël l'avait devancé) derrière les remblais énormes auxquels s'agrippaient la route; remblais où les canalisations de métal noir aménagées pour la descente des cannes à sucre semblaient de loin des toboggans, effrayants à force d'avoir été redressés et maintenus droits et rigides." (13)

"On the embankments the black metal chutes for transporting sugar cane were aligned at a terrifyingly vertical angle and looked, from a distance, like toboggans." (13)

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"La longue allée de route sans bordure coupait un champ de cannes." (15)

"The road ran, with no trees to border it, straight through a field of sugar cane." (14)

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"Les cannes encore jeunes n'entravaient nullement la volée de l'imagination; ni les façades grises là-bas puisque cette ville était le futur pour lui." (15)

"The cane, still not fully grown, did not cut the flight of imagination, nor did the gray façades of the approaching town." (15)

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"A l'opposé, la plaine inaltérable, jusqu'aux blancheurs du sud. A l'ouest, la boucle tourmentée de la Lézarde: elle veut emprisonner la cité, mais soudain elle se reprend, elle refuse ce gardiennage, et vers l'est, passé les cannes sinistres, elle se perd dans son delta." (30)

"On the west there was the tortuous Lizard River, trying to surround and imprison the town, then suddenly refusing such a role and turning back to the east, where it ran by the sinister fields of sugar cane and was lost in the delta." (31)


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"Ce n'est pas là une menée consciente; mais à mesure que les champs labourés se couyrent de cannes (toujours de cannes), l'homme affamé se souvient d'une plus haute faim, parmi des terres stériles ou profondes, qui lui par laient." (50)

"It is not a conscious design, but as the plowed fields begin to be covered with cane (always cane) a hungry man remembers a greater hunger, endured in a distant fallow land. (50)


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"Mais à mesure que les cannes mûrissent, quand les enfants n'y tenant plus s'échappent à la tombée du jour, loin de la case, et vont chaparder un bon bout, au risque de se faire attraper et cravacher par un commandeur (ou, pire, un géreur à cheval) [...]." (51)

"But as the cane ripens the children run down the road at twilight and steal what ever they want, at the risk of being caught by a foreman (or, worse, still, a mounted plantation owner)." (50)


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"A mesure que les cannes poussent (jusqu'à dépasser la tête d'un homme) le travailleur frustré regarde ses enfants au ventre lourd, nourris de fruits à pain (mais de fruits verts) et pense, tout au fond, à une plus haute misère, dans des forêts lointaines, révolues." (50)

"As the cane grows (higher than his head) the frustrated laborer looks at his pot bellied children, fed on breadfruit (but fruit that is at least green) and thinks of a greater poverty such as that existing in the primitive forests he has long since left behind." (50)


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"[I]ls sucent le bâton de mort, plus sucré déjà que le café du matin, et ils s'arrachent les lèvres sur l'écorce, et ils s'engourdissent les mâchoires, trompant ainsi la faim, oui, à mesure que les cannes inexorablement mûrissent, le maudit des récoltes sempiternelles doucement s'en va dans une révélation recommencée, dans une récolte nouvelle et séculaire, et sans le savoir, debout là contre la tôle de la cabane, il entre dans la vérité de son soleil." (51)

"They suck at the unhealthy cane, which is even sweeter than their morning coffee, tearing their lips on the rough outer leaves, gumming up their gums, yet somehow allaying their hunger." (50-51)


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"C'est une ville, un atome de terre, avec tout son entour de cannes, de marais, de mer lointaine, de boues proches." (53)

"It is a town, an infinitesimal point on the globe, with sugar-cane plantations and swamps all around, with the sea in the distance and mud near by." (52)


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"La route est assurément sans mystères, elle conduit droit comme fatalité vers le grand carrefour de l'usine: ce qui fait que toute cette rigidité du goudron est pour saluer le chantier de la mort, que toute cette platitude du ciel sur l'éclat noir de la route est pour annoncer la dangereuse banalité des bâtiments de la cuisson; que, dès les dernières maisons de Lambrianne, cette rigidité, cette platitude, cette banalité baignent dans l'odeur de jus brûlé, dans le parfum fade et fruité tout ensemble de la canne." (71)

"Its inflexible macadam strip led straight to a factory of death; the flat sky overhanging the shiny black tar announced no more than the fatally commonplace contours of the vats, and every where there was the odor of scorched juice, the stale, fruity smell of cane." (69)


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"Les ouvriers rient doucement, tout baigne dans la suffocation du sucre, les yeux pleurent[.]" (72)

"They laughed gently, but there were tears in their eyes from the fumes of the burning sugar." (70)


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"Et ils allaient avec rigueur à la rencontre l'un de l'autre, sans rien qui puisse les séparer: sous la garde des cannes, et dans le ciel plat." (73)

"Under the lowering sky and between the walls of cane they moved inexorably toward their meeting; nothing could keep them apart." (71)


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"Puis elle s'arrêta: on n'entendait que les cannes, le vent dans leurs feuilles, les pointes sèches qui craquaient sous le soleil." (73)

"The only sound was that of the wind rustling the cane and crackling the dry, pointed tips, which stared up into the sky." (71)


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"Mais elle riait encore, et sur tout le délire, suc la prison de bruits, sur les flèches des cannes mûres, sur la récolte future et sur le vent chaud, il y avait cette splendeur nouvelle, sans pitié ni faiblesse, brûlante et pure pour eux seuls." (73)

"She was still laughing, and over the spears of ripe cane and the hot breeze blowing through the future harvest there was a new splendor, devoid of weakness or pity, burning in all its purity for them alone." (71)


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"C'est ainsi que leur vint cette habitude de se rencontrer dans le sen tier entre les cannes; seuls, et se voyant venir de loin; et toujours Valérie s'arrêtait la première." (75)

"And so they acquired the habit of meeting on the path that ran through the cane." (73)


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"Lorsque je pense à cette histoire (et elle me marque, m'atteint), je me reporte dans ce sentier que j'imagine toujours bordé de cannes, je vois grandir l'ombre qui est en moi, et je lui parle doucement." (75)

"When I think back to this story, which has left such a mark upon me, I immediately picture the path, bordered on either side by sugar cane." (73)


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"Je m'interdis avec patience d'aller là-bas après la récolte; le sentier est alors livré aux deux champs qui le bordent, ce n'est plus qu'un passage entre des la bours, je m'y sens nu, livré impuissant aux désespoirs (comme si les cannes étaient nécessaires, par contrecoup, à l'assurance de celui qui les déteste et les combat)." (75)

"It is as if the cane were paradoxically necessary and reassuring to the very man that detests and combats it." (73)


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"Garin ne veut pas voir les profondeurs basses des cacaoyers, silencieux sur leurs tapis de feuilles pourries; les carrés de patates douces, les mornes frémissants, et à mesure que l'on prend vers le sud, quittant la montagne, les champs de cannes de plus en plus serrés." (98-99)

"He had no eyes for the depressions studded with cacao trees, erect on a carpet of decaying leaves, the fields planted with sweet potatoes, the green hillocks in the distance, and, farther down, on the plain, the increasing sugar cane agglomerations." (96)


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"La nuit est claire; ils vont par des chemins détournés, coupant à travers les champs de cannes[.]" (122)

"They traveled by branching paths across the fields of cane." (121)


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"On a dit ce soir dans tous les détails le malheur de notre peuple. Sous-alimentation. Salaires de famine. La canne qui dévore. L'absence de débouchés. Rien." (133)

"In the course of the evening, he said, every detail of our woes had been mentioned: malnutrition, starvation pay, excess crops of sugar and no demand for them on the world market." (132)


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"Et plus loin l’amon cellement de crêtes et de fonds, les mornes qui se chevauchent jusqu'au bout, tantôt vert pâle de canne, tantôt sombres, portant la pluie, tantôt rouges, tondus par l'homme, jusqu'au plus loin du regard — et l'horizon n'existe pas, il n'y a pas de limite à cette cascade de sommets, et l'infini (ici plus encore que devant les plaines immenses des atlas) surgit du fond même de l'oeil et plane sur le carrousel." (150)

"Farther away there were ridges and valleys, some of them pale with cane, some darker because rain clouds hung over them, others red because men had cut down their vegetation and bared the clayey earth below." (151)


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"[Q]uand on pense à ce que nous sommes, des bêtes à cannes tout ce peuple, et méprisé, exilé, et nous, contents, fats, béats, nous les petits rois, qui d'entre nous peut dire: « J'ai souffert » ? " (176)

"When you stop to think what we really are, slaves to sugar cane, every last one of us, sad exiles from humanity, and yet which member of our little group, claiming to be kingmakers, can honestly say:'I have suffered'?" (178)


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"Tout cela, Thaël le sentit sur cette route, dans l'odeur brûlée,.. de la canne, et il n'eut d'autre recours que de penser à Valérie." (181)

"Here on this road, amid the smell of burnt sugar, Thael under stood all these things, and he could not but think of Valérie." (183)


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"Thaël (une fois encore) se jeta dans le sentier entre les cannes, dans la prison de sueur de sucre, de dividendes, de salaires misérables, d'ignominies et d'exploitations montées sur pied de verdure [...]." (182)

"Once more Thael went down the path between the rows of cane, the prison of sugar-sweat, of meager salaries and fat dividends, of ignominy and exploitation." (184)


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"Une autre fleur, la plus belle, comme une seule flèche de canne sur tout un champ planté." (202)

"One flower in particular, standing out above all others, like an arrow of sugar cane in a field of vegetables." (205)


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"Une grande rigole, un toboggan, mais il n'y tombait pas de la canne!" (214)

"It was a hilarious toboggan slide, only there was no sugar cane falling from above." (217)


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"« Pas canne à sucre! »" (225)

"Nothing to do with sugar cane, I can tell you that!" (228)


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"Je n'irai pas planter des légumes, combattre la canne! Je ne fais pas des recherches savantes." (227-228)

"I shan't plant vegetables to take the place of cane; I don' t go in for scholarly research." (230)


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"Ils virent au loin, sur la gauche, la petite distillerie, annexe de la grosse usine, par quoi le rhum et le sucre achevaient d'entenailler les maisons." (235)

"On the left they saw in the distance the small building which housed the distillery, side by side with the large sugar refining plant, which had such a complete hold on the island' s economic system." (237)


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"Et avant, je voyais tous ces champs de cannes du haut de mon quartier, mais en vérité je ne les voyais pas, je ne savais pas ce qu'ils signifiaient." (236)

"All along the way there were fields of sugar cane, but I didn' t see them or know what they meant." (238)


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"Quand je suis arrivé, les cannes par ici étaient jeunes, on pouvait encore suivre les alignements jusqu'au fond." (236)

"Yes, when I first came by, the cane was young and I could distinguish the rows one from another. (238)







Botanical reference: N. Parthasarathy, “Origin of Noble Sugar-Canes (Saccharum Officinarum.),” Nature 161, no. 4094 (April 1, 1948): 608–608, https://doi.org/10.1038/161608a0.



















Image credits:


Tomás Sánchez, Autorretrato En Tarde Rosa, 1994, Acrylic on linen, 1994,
https://www.thisiscolossal.com/2020/03/tomas-sanchez-landscape-paintings/.


Tomás Sánchez, Orilla y Cielo Gris, 1995, Acrylic on canvas, 1995,
https://www.thisiscolossal.com/2020/03/tomas-sanchez-landscape-paintings/.




Text editions:


Édouard Glissant, La lézarde: roman (Paris: Editions du Seuil, 1958).
Édouard Glissant, The Ripening, trans. Frances Frenaye (New York: G. Braziller, 1959).